L'Aleph de Jorge Luis Borges
Atelier basé sur l’écriture d’instantanés.
La pratique proposée a été mise au jour par Borges dans la nouvelle qui donne son nom au recueil. L’Aleph est une sphère magique de quelques centimètres de diamètre, qui donne à celui qui la regarde la vision simultanée de la planète entière et de tous les temps qu’elle a traversés.
En fait, l’Aleph donne à celui qui la regarde le regard de Dieu, omniscient et omniprésent.
En la regardant, on voit la totalité du monde en un seul regard, embrassant en une seconde tous les espaces et tous les temps.
Voici un court extrait de la nouvelle de Borges :
« Je vis la mer populeuse, l’aube et le soir, les foules d’Amérique, une toile d’araignée au centre d’une noire pyramide, un labyrinthe brisé (c’était Londres) (...) Je vis de convexes déserts équatoriaux et chacun de leurs grains de sable, je vis à Inverness une femme que je n’oublierai pas, je vis la violente chevelure, un cancer à la poitrine, un cercle de terre desséchée là où auparavant il y avait eu un arbre, (...), les survivants d’une bataille envoyant des cartes postales, (...) je
vis toutes les fourmis qu’il y a sur la terre, je vis dans un tiroir du bureau, et l’écriture me fit trembler, des lettres obscènes, incroyables, précises, que Béatrice avait envoyées à Carlos Argentino (…).
Je ressentis une vénération infinie, une pitié infinie. »
Vous pouvez passez du plus anedoctique ou plus grandiose, embrasser le monde d'un seul regard de compassion, de pitié ou chargé de haine et passer ensuite à une écriture par le détail, le minuscule.
Voyez à l’intérieur des choses et des êtres, le passé, le présent, l’avenir...
A VOS PLUMES !!!
Texte de Paul Bonneau, 2de 1 :
Tant de choses à la fois défilèrent devant mes yeux : la joie d'un chimiste décrochant un Prix Nobel, la colère des talibans face à l'envahisseur américain, la tristesse d'un bébé ayant fait tombé son doudou, la peur d'une fillette face à une souris. Je vis le désespoir d'un chien errant n'ayant rien à se mettre sous la dent, le soulagement d'un touareg découvrant une oasis. Je vis l'incompréhension d'un jeune homme devant la lettre de rupture, l'impassibilité d'une femme, la corde autour du cou. Je vis Satan, se réjouissant des nouveaux arrivés. Je vis Dieu fatigué de créer sans cesse de nouvelles âmes. Je vis Noé n'ayant plus aucun espoir en l'humanité, je vis le dégoût des égyptiens, voyant l'eau du Nil se changer en sang. Je vis cette momie attendant qu'un archéologue vienne profaner sa tombe. Je vis le désespoir de cette femme ayant sauvé un pays et mise au bûcher, Je vis l'émerveillement de cet enfant devant ce cosmonaute posant un pied sur la Lune. Je vis la stupeur de cet extraterrestre voyant son étoile exploser. Je vis le bonheur des Ottomans, ayant pris Constantinople, la fierté de César, la Gaule conquise. Je vis l'énervement de ce père face au 2/20 ramené par son fils. Je vis le regret de ce mafieux, ayant volontairement appuyé sur la gâchette. Je vis la tristesse de cet éléphanteau devant le cadavre sans défenses de sa mère. Je vis l'émerveillement de Marie devant les cadeaux des Rois Mages. Je vis le bonheur de Nicolas et Pernelle Flamel devant la pierre philosophale. Je vis la haine des soviets face à la trahison des nazis. Je vis la colère de cet homme, observant ses impôts. Je vis la joie occasionnée par la naissance et la tristesse occasionnée par la mort. Je vis tout à la fois. Je me vis moi.
Texte de Salomé Benner, 2de 1 :
Un coucher de soleil. Un vent glacial. L'ombre d'un platane sous la chaleur du soleil. La naissance d'un enfant. La mort d'un être aimé. Aussi petite qu'elle soit, aussi ronde qu'elle soit, la Terre renferme des différences. Chacune est importante à mes yeux. Une âme qui s'appaise. Un rire lumineux. Une fourmi ayant réussi à transporter sa charge...
Je vois mon œuvre. Je ressens la peine de mon enfant. J'entends le cri de celui qui se sent en danger. Je sens l'odeur de la crainte. Je pose ma main et les portes s'ouvrent.
Mais je pleure en voyant les querelles. Le désespoir d'une mère face à son adolescente qui court à la mort. Sa joie lorsque celle ci change de vois. L'incompréhension de soldats qui obéissent aux ordres d'un homme pas plus grand qu'eux. Leur soulagement lorsqu'un bout de papier signé marque la fin d'une des innombrables guerres.
Et je vois des espoirs.
Ce qu'il se passe à la surface de cette planète, c'est comme lorsqu'un enfant, avec un sourire malicieux, court éteindre la lumière du salon. Alors seulement il se rend compte qu'il n'y voit plus. Et d'une petite voix craintive, appelle son père pour venir rallumer l'halogène. Mais les hommes, sur la terre, ne pensent pas à appeler leurs pères. Ils tâtonnent, cherchent, tombent, et moi, je ne peux rien faire.
Je connais les secrets d'États, je connais les secrets de cœurs. Je vois les grands projets, et les petites idées. Mais les petites idées sont parfois bien meilleures, que les grands projets.
Texte de Julien Roux, 2de 1 :
Je vis, au soir, des êtres vivants, capturés, massacrés, la planète commence à râler. Je vis des gens grossiers et pas très bien soignés, qui se foutent de leur vies comme si c'était un jeux vidéo. Ce sont des gros porcs, souvent boutonneux, qui ne font attention à rien, nés juste pour chier, voilà, ce sont des connards. Oui, connard, ce mot m'évoque tant de choses, ce sont les gens qui capturent les animaux, qui les tuent ou les revendent, ce sont les esclavagistes inhumains, ce sont même les gens qui prennent deux places de parking avec leur Mini Golf ou leur smart, ce sont les gens qui posent du yaourt sur une chaise lorsque l'on s'en va et que quand on revient, on se fout du yaourt plein le pantalon par erreur d'inattention, voilà, tout ceux là sont des connards et j'en ai loupé tant d'autre.
Mais je vis de sacrées belles choses ; je vis, à l'aube, de nombreux animaux, tous autant respectueux les un que les autre, de eux même, de leur compagnon ou de la nature. Je vis des animaux qui vivent en liberté, tranquillement, assurément, dans leur petit nid douillet. Je vis des être immensément attachés, prêt à se sacrifier pour sauver leur bien aimé, des gens qui se sont sacrifiés pour sauver leur patrie, des valeurs ou même leur renommée. Je vis le repos la tranquillité, le bonheur, des personnalités dont on ne peut plus se détacher.
Voilà ce que c'est une Terre soit disant adorée. Des gens le prouve mais d'autre ne font que l'ignorer. Depuis la nuit des temps, je vois des choses ; des primitifs dans leurs arbres qui ont évolués, pour devenir des guerriers qui ne font que se massacrés. Puis ils ont cessés leur apogée, ils sont devenus des soldats qui se sont menés, au désespoir et non à la fierté, à la mort et non gaieté. Mais maintenant, espérons que cela reste comme ça sinon je ne donne pas cher de votre peau.